Les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM)

 

Vous avez sans doute entendu parler des OGM soit comme étant LA solution pour augmenter les rendements et ne plus utiliser de pesticides, herbicides ou fongicides, soit comme étant potentiellement responsables de certaines pathologies... Quoiqu'il en soit, les OGM sont au coeur de l'actualité.

 

Qu'est-ce qu'un OGM ?

Un organisme génétiquement modifié (O.G.M.) est un organisme vivant dont le patrimoine génétique a été modifié par l'Homme.

Suivant les différentes législations, les moyens permettant ces modifications vont de la sélection(*) aux méthodes de génie génétique(**)

Un OGM est un donc un  organisme vivant (plante, animal, bactérie) dont le génome a été enrichi d'un ou plusieurs gène(s) lui conférant ainsi de nouvelles propriétés.

 

(*) La sélection est ici le choix des individus reproducteurs d'une une espèce végétale donnée dont les qualités ou les caractéristiques permettront d'améliorer l'espèce ou de la modifier dans un sens déterminé.

(**) Le génie génétique est un ensemble de techniques ayant pour objet l’utilisation des connaissances acquises en génétique pour utiliser, reproduire, ou modifier le génome des êtres vivants.

 

A quoi servent les OGM ?

D'un point de vue stratégique, la fabrication des OGM s'inscrit dans la longue quête de plantes plus performantes. D'un point de vue technologique, c'est une victoire scientifique majeure et une rupture dont l'impact éventuel sur la santé du consommateur mérite d'être examiné de plus près .

L'intervention de l'homme pour améliorer les caractéristiques agronomiques et la valeur d'utilisation des plantes n'est pas nouvelle. L'histoire de la sélection variétale remonte au néolithique, époque à laquelle nos lointains ancêtres ont su repérer, trier et ressemer des espèces sauvages de blé et d'orge dont les grains, restant fixés aux épis, étaient faciles à récolter. Les plantes ainsi sélectionnées prirent le pas sur des plantes moins performantes. L'agriculture était née.

Par la suite, les hommes ne se sont pas contentés de faire leur choix parmi toutes les plantes que leur offrait la nature. En effet, ils ont fait acte de création en réunissant au sein d'une même plante, de manière volontaire et raisonnée, les gènes dispersés entre deux ou plusieurs variétés de la même espèce, afin d'en optimiser les propriétés, les rendements agronomiques, la résistance aux maladies et obtenir ainsi des farines de meilleure qualité.

En fait, les OGM servent surtout à lutter contre les ennemis de l'agriculture :  les insectes qui s'alimentent dans les cultures ou encore les mauvaise herbes (dans ce cas l'agriculteur asperge son exploitation avec un herbicide puissant et seul la plante OGM rendue résistante à ce dernier résiste). 

 

Comment crée-t-on un OGM ?

 

La transgénèse est la transformation intentionnellement opérée dans le patrimoine génétique d'une espèce pour lui conférer de nouvelles caractéristiques. Schématiquement, la technique, appelée transgénèse, consiste en un transfert de morceaux d'ADN. Dans un premier temps, il s'agit d'isoler un gène donné en coupant des molécules d'ADN et en les insérant dans une molécule porteuse, dite "vecteur". Celle-ci est ensuite mise en contact avec une cellule hôte (bactérie, levure...). Le vecteur investit cette cellule qui possède dès lors de l'ADN étranger mais le traite comme s'il appartenait à son propre code génétique (donc pas de problème de rejet comme dans le cas des greffes). En se multipliant, les cellules produisent non seulement des copies de leurs propres gènes mais également de ceux qui ont été insérés. L'OGM est crée.

 

Prenons pour exemple un maïs insecticide:

 

 

 

Dangerosité pour l'homme ?

Après tout ce que vous venez de lire, vous vous demandez sans doute, ce qui est légitime, si les OGM sont dangereux pour l'homme et pour l'environnement.

En fait, les études les plus récentes démontrent que les OGM ne sont ni plus ni moins nocifs pour notre santé que n'importe quel autre aliment.

Les OGM  que nous consommons sont censés avoir le même niveau de sécurité sanitaire que l'organisme d'origine : ni plus toxique, ni plus allergénique, et doivent être identiques du point de vue nutritionnel.       

Les firmes qui commercialisent les OGM doivent d'ailleurs prouver que ces derniers sont génétiquement stables, c'est-à-dire qu'ils ne se dégradent pas facilement. La composition chimique des deux organismes est comparée, l'absence de lien entre une protéine transgénique et une molécule nocive vérifiée. 

Des tests chez les animaux sont souvent effectués pour compléter l'étude mais ne sont pas obligatoires.

 

Néanmoins, un comité d'experts indépendants a sérieusement contesté l'innocuité du Mon 863, une variété de maïs Monsanto résistante à la chrysomèle (un insecte qui dévore les racines du maïs) en concluant : "On ne peut considérer le maïs génétiquement modifié MON863 comme un produit sécuritaire" et cela, après avoir eu accès aux données relatives à cet OGM lors d'une action en justice contre Monsanto. Des signes de toxicité avaient été repérés dans le foie et dans les reins des rats nourris avec cette semence.

 

Le maïs OGM Mon863 - Extrait du journal de la région Basse-Normandie de France 3 du 13 mars 2007 :

 

Dans les années 2000, l'affaire a fait grand bruit et une expertise internationale s'est penchée sur cette expérience, qui montre seulement des variations entre les rats, même à l'intérieur des lots témoins (non nourris aux OGM). La conclusion est qu'aucune donnée objective ne prouve que le MON863, destiné uniquement à l'alimentation animale, fasse courir des risques aux animaux qui le consomment.

 

Les tests relatifs à l'innocuité sur l'homme sont, quant à eux, draconiens et bien plus poussés que ceux qu'on impose à nombre d'autres nouveaux aliments.

 

Il est également à rappeler qu'en France, tous les jours depuis 10 ans (sauf dans les fermes biologiques), les bovins, poules et porcs que les consommateurs mangent sont nourris aux OGM. En effet, 80% des OGM produits aujourd'hui servent à l'alimentation du bétail. Pas de panique toutefois : un animal qui mange un OGM n'en devient pas un ! Pour qu'il le devienne, il faudrait que l'A.D.N du grain transgénique s'insère dans l'A.D.N de l'animal qui le consomme ! A titre d'exemple, les poules qui picorent du blé depuis très longtemps ne se sont jamais transformées en blé !

 

En Tunisie, de nombreux OGM sont autorisés alors que seulement 4% des Tunisiens en ont entendu parler.

 

Un doute subsiste pourtant chez les "anti-OGM" qui, rappelons-le, ne sont pas tous fondamentalement opposés à ces derniers. "Nous ne sommes pas contre les OGM dans l'absolu, mais contre leur dissémination dans l'environnement car il s'agit de variétés créées en laboratoire, au comportement inconnu une fois lâché dans la nature" a déclaré Arnaud Apoteker, responsable du dossier OGM à l'association Greenpeace France.

 

Nocifs pour l'environnement ?

 

Nous vous l'annonçons sans détour : le principal défaut des OGM est leur impact potentiel sur l'environnement.

En effet, le risque de contamination est important. Ainsi, en 2004, les sociétés Monsanto et Scotts ont testé, pour les terrains de golf américains, un gazon à base de la graminée(*) transgénique Agrostis stolonifera rendue résistante à un insecticide. Porté par le vent, son pollen très léger est allé fertiliser des plantes sauvages jusqu'à une distance de 21 km !

Le danger que les OGM "s'échappent" de leurs lieux de culture est donc bien réel.

 

(*) Une graminée est une plante à fleurs présente notamment dans les prairies.

 

Conclusion

 

Pour résumer, Arnaud Apoteker déclare "On n'a pas assez de recul quant à l'innocuité des OGM sur l'environnement et sur l'homme", façon de dire que les études conduites en laboratoire ne seraient pas suffisantes.

Par exemple, en France, la Commission de génie biomoléculaire chargée de délivrer les autorisations de mise en culture des OGM, ne réalise jamais de contre-étude et rend ses avis à partir des rapports scientifiques rédigés par les fabricants d'OGM !...

Néanmoins, les OGM ne doivent pas être dénigrés car ils représentent une réponse possible à la faim dans le monde et constituent une alternative sérieuse aux intrants, pesticides, herbicides, etc.

 

Le mot de la fin sera réservé à André Galais (ingénieur agronome reconnu et Docteur és Sciences de renom) qui déclare : "J'insiste : il faut absolument raisonner au cas par cas et ne pas mettre tous les OGM au même niveau. Certaines plantes transgéniques, que l'on sait créer en laboratoire, présentent des avantages mais aussi des risques potentiels - pour l'environnement notamment -, ou simplement des zones d'ombres quant à leurs propriétés, tandis que d'autres présentent des avantages - utilisation de moins de pesticides - et très peu de risques potentiels . C'est sur ceux-là évidemment que l'on mise".

Elyès

(Les citations d'Arnaud Apoteker et d'André Gallais ont été relevées dans Science & Vie Junior, Hors série n°70, Octobre 2007).